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l’archipel en feu.

mon père ! Oui ! je pourrais vous dire : Ce ne sont que ces millions que vous voulez !… Eh bien, les voilà !… prenez-les !… partez !… et que je ne vous revoie jamais !… Mais je ne dirai pas cela, Nicolas Starkos !… Ces millions, dont j’hérite… vous ne les aurez pas !… Je les garderai !… J’en ferai l’usage qui me conviendra !… Non ! vous ne les aurez pas !… Et maintenant, sortez de cette chambre !… Sortez de cette maison !… Sortez ! »

Hadjine Elizundo, le bras tendu, la tête haute, semblait alors maudire le capitaine, comme Andronika l’avait maudit, quelques semaines avant, sur le seuil de la maison paternelle. Mais, ce jour-là, si Nicolas Starkos avait reculé devant le geste de sa mère, cette fois, il marcha résolument vers la jeune fille :

« Hadjine Elizundo, dit-il à voix basse, oui ! il me faut ces millions !… D’une façon ou d’une autre, il me les faut… et je les aurai !

— Non !… et plutôt les anéantir, plutôt les jeter dans les eaux du golfe ! répondit Hadjine.

— Je les aurai, vous dis-je !… Je les veux ! »

Nicolas Starkos avait saisi la jeune fille par le bras. La colère l’égarait. Il n’était plus maître de lui. Son regard se troublait. Il eût été capable de la tuer !

Hadjine Elizundo vit tout cela en un instant. Mourir ! Eh ! que lui importait maintenant ! La mort ne l’eût