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l’archipel en feu.

eût été surpris par un navire de guerre, il se fût plutôt fait sauter que de se rendre. On racontait même que, dans une affaire de ce genre, les projectiles lui ayant manqué, il avait chargé ses canons avec les têtes fraîchement coupées aux cadavres qui jonchaient son pont.

Tel était l’homme que la Syphanta avait la mission de poursuivre, tel ce redoutable pirate, dont le nom exécré causait tant d’émotion dans la cité corfiote.

Bientôt, une détonation retentit. Une fumée s’éleva dans un vif éclair au-dessus de terre-plein de la citadelle. C’était le coup de partance. La Syphanta appareillait et allait descendre le canal de Corfou, afin de gagner les parages méridionaux de la mer Ionienne.

Toute la foule se porta sur la lisière de l’esplanade, vers la terrasse du monument de sir Maitland.

Nicolas Starkos, impérieusement entraîné par un sentiment plus intense peut-être que celui d’une simple curiosité, se trouva bientôt au premier rang des spectateurs.

Peu à peu, sous la clarté de la lune, apparut la corvette avec ses feux de position. Elle s’avançait en boulinant, afin d’enlever à la bordée le cap Bianco, qui s’allonge au sud de l’île. Un second coup de