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sus aux pirates de l’archipel !

aux Turcs du Péloponnèse. Il n’eut donc aucun signal à envoyer aux vigies du port, ni à relâcher dans cette île, qui fut la patrie de deux poètes célèbres – l’un italien, Hugo Foscolo, de la fin du xviiie siècle, l’autre Salomos, une des gloires de la Grèce moderne.

La Karysta traversa l’étroit bras de mer qui sépare Zante de l’Achaïe et de l’Élide. Sans doute, plus d’une oreille à bord s’offensa des chants qu’apportait la brise, comme autant de barcarolles échappées du Lido ! Mais, il fallait bien s’y résigner. La sacolève passa au milieu de ces mélodies italiennes, et, le lendemain, elle se trouvait par le travers du golfe de Patras, profonde échancrure que continue le golfe de Lépante jusqu’à l’isthme de Corinthe.

Nicolas Starkos se tenait alors à l’avant de la Karysta. Son regard parcourait toute cette côte de l’Acarnanie, sur la limite septentrionale du golfe. De là surgissaient de grands et impérissables souvenirs, qui auraient dû serrer le cœur d’un enfant de la Grèce, si cet enfant n’eût depuis longtemps renié et trahi sa mère !

« Missolonghi ! dit alors Skopélo, en tendant la main dans la direction du nord-est. Mauvaise population ! Des gens qui se font sauter plutôt que de se rendre ! »