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la côte messénienne.

— C’est que probablement il n’y avait pas lieu de répondre, répliqua Skopélo.

— Dis-moi, reprit Nicolas Starkos, que font, en ce moment, Miaoulis et Canaris ?

— Ils en sont réduits, capitaine, à tenter des coups de main, qui ne peuvent leur assurer que quelques succès partiels, jamais une victoire définitive ! Aussi, pendant qu’ils donnent la chasse aux vaisseaux turcs, les pirates ont-ils beau jeu dans tout l’Archipel !

— Et parle-t-on toujours de ?…

— De Sacratif ? répondit Skopélo en baissant un peu la voix. Oui !… partout… et toujours, Nicolas Starkos, et il ne tient qu’à lui qu’on en parle encore davantage !

— On en parlera ! »

Nicolas Starkos s’était levé, après avoir vidé son verre que Skopélo remplit de nouveau. Il marchait de long en large ; puis, s’arrêtant devant la fenêtre, les bras croisés, il écoutait le grossier chant des soldats turcs qui s’entendait au loin. Enfin, il revint s’asseoir en face de Skopélo, et, changeant brusquement le cours de la conversation :

« J’ai compris à ton signal que tu avais ici un chargement de prisonniers ? demanda-t-il.

— Oui, Nicolas Starkos, de quoi remplir un navire