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PREMIÈRE EXPLOITATION.


atelier, pour faire un bout de causette ou tout simplement avec l’intention de lui tenir compagnie, tandis qu’il travaillait à son établi de lapidaire. Jacobus Vandergaart, avec sa barbe blanche, son front chauve, recouvert d’une calotte de velours noir, son long nez armé d’une paire de besicles rondes, avait tout à fait l’air d’un vieil alchimiste du quinzième siècle, au milieu de ses outils bizarres et de ses flacons d’acides.

Dans une sébile, sur un établi placé devant la fenêtre, se trouvaient les diamants bruts qu’on avait confiés à Jacobus Vandergaart, et dont la valeur était parfois considérable. Voulait-il en cliver un dont la cristallisation ne lui paraissait pas parfaite, il commençait par bien constater, à la loupe, la direction des cassures qui divisent tous les cristaux en lames à faces parallèles ; puis, il faisait, avec le tranchant d’un diamant déjà clivé, une incision dans le sens voulu, introduisait une petite lame d’acier dans cette incision, et frappait un coup sec.

Le diamant se trouvait clivé sur une face, et l’opération se répétait alors sur les autres.

Jacobus Vandergaart voulait-il au contraire « tailler » la pierre, ou, pour parler plus nettement, l’user selon une forme déterminée, il commençait par arrêter la figure qu’il voulait lui donner, en dessinant à la craie, sur la gangue, les facettes projetées. Puis, il plaçait successivement chacune de ces faces en contact avec un second diamant, et il les soumettait l’une contre l’autre à une friction prolongée. Les deux pierres s’usaient mutuellement, et la facette se formait peu à peu.

Jacobus Vandergaart arrivait ainsi à donner à la gemme une des formes, maintenant consacrées par l’usage, et qui rentrent toutes dans les trois grandes divisions suivantes : le « brillant double taille, » le « brillant simple taille » et la « rose ».

Le brillant double se compose de soixante-quatre facettes, d’une table et d’une culasse.

Le brillant simple figure uniquement la moitié d’un brillant double.

La rose a le dessous plat et le dessus bombé en dôme à facettes.

Très exceptionnellement, Jacobus Vandergaart avait à tailler une « briolette, » c’est-à-dire un diamant qui, n’ayant ni dessous ni dessus, affecte la forme d’une petite poire. Dans l’Inde, on perce les briolettes d’un trou, vers leur bout effilé, pour y passer un cordon.

Quant aux « pendeloques », que le vieux lapidaire avait plus souvent l’occa-