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JUSTICE VÉNITIENNE.

Mais, deux ou trois jours plus tard, lorsque Cyprien vint pour rendre visite au vieux lapidaire, il trouva porte close.

Sur l’ardoise, suspendue au loquet, on lisait ces mots, récemment tracés à la craie :

« Absent pour affaires. »

X X I


JUSTICE VÉNITIENNE.

Pendant les jours qui suivirent, Cyprien s’occupa activement de suivre les diverses phases de sa nouvelle expérience. Par suite de quelques modifications introduites dans la construction du four à réverbère, au moyen d’un tirage mieux réglé, la fabrication du diamant, — il l’espérait du moins, — devait s’effectuer en un temps infiniment plus court que lors de la première opération.

Il va sans dire que Miss Watkins s’intéressait vivement à cette seconde tentative, dont elle était un peu l’inspiratrice, il faut en convenir. Aussi, souvent elle accompagnait le jeune ingénieur jusqu’au four qu’il visitait plusieurs fois dans la journée, et là, par les regards ménagés dans la maçonnerie de briques, elle se plaisait à observer l’intensité du feu qui mugissait à l’intérieur.

John Watkins s’intéressait non moins que sa fille, mais pour d’autres motifs, à cette fabrication. Il lui tardait d’être de nouveau possesseur d’une pierre dont le prix se chiffrerait par des millions. Toute sa crainte était que l’expérience ne réussît pas une seconde fois, et que le hasard n’eût eu une part prépondérante dans le succès de la première.

Mais, si le fermier et miss Watkins encourageaient l’expérimentateur à poursuivre, à perfectionner la fabrication du diamant, il n’en était pas ainsi des mineurs du Griqualand. Bien qu’Annibal Pantalacci, James Hilton, herr Friedel ne fussent pas là, ils avaient laissé des compagnons qui, à cet égard, pensaient absolument comme eux. Aussi, par des manœuvres sourdes, le juif Nathan ne