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LE RETOUR.

Après s’être procuré un nouveau tube de grande résistance, il reprit donc ses travaux dans les mêmes conditions.

« Et pourtant, ce qui me manque pour obtenir le carbone cristallisé, c’est-à-dire le diamant, disait-il à Alice, c’est un dissolvant approprié, qui, par l’évaporation ou le refroidissement, laisse cristalliser le carbone. On a trouvé ce dissolvant pour l’alumine dans le sulfure de carbone. Donc, il s’agit de le rechercher, par analogie, pour le carbone ou même pour les corps similaires, tels que le bore et la silice. »

Cependant, bien qu’il ne fût pas en possession de ce dissolvant, Cyprien poussait activement son œuvre. À défaut de Matakit, qui ne s’était pas encore montré au camp, par prudence, c’était Bardik qui était chargé de maintenir le feu nuit et jour. Cette tâche, il la remplissait avec autant de zèle que son prédécesseur.

Entre temps, et prévoyant qu’après cette prolongation de son séjour en Griqualand, il serait peut-être obligé de repartir pour l’Europe, Cyprien voulut s’acquitter d’un travail mentionné dans son programme et qu’il n’avait encore pu accomplir : c’était de déterminer l’orientation exacte d’une certaine dépression de terrain, située vers le nord-est de la plaine, — dépression qu’il soupçonnait avoir servi de goulot d’écoulement pour les eaux, à l’époque reculée où s’étaient élaborées les formations adamantines du district.

Donc, cinq ou six jours après son retour du Transvaal, il s’occupait de cette détermination avec la précision qu’il apportait en toutes choses. Or, depuis une heure déjà, il posait des jalons et relevait des points de repère sur un plan fort détaillé qu’il s’était procuré à Kimberley, et, chose singulière, toujours il trouvait dans ses chiffres une grosse cause d’erreur ou tout au moins de désaccord avec ce plan. À la fin, il ne lui fut plus possible de se refuser à l’évidence : le plan était mal orienté ; les longitudes, et les latitudes en étaient fautives.

Cyprien venait de se servir, à midi précis, d’un excellent chronomètre, réglé sur l’Observatoire de Paris, pour déterminer la longitude du lieu. Or, étant parfaitement sûr de l’infaillibilité de sa boussole et de son compas de déclinaison, il ne pouvait hésiter à constater que la carte, sur laquelle il contrôlait ses relevés, était complètement erronée par suite d’une importante faute d’orientation.

En effet, le nord de cette carte, indiqué, selon l’usage britannique, par