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L’ÉTOILE DU SUD.

— C’est vingt fois trop, mais Pharamond Barthès est ton ami, et il fera tout pour t’être agréable ! »

À son tour, il s’arrêta un instant et reprit :

« Écoute-moi, Tonaïa. Tu auras les quatre fusils, les quatre cents cartouches et les quatre sachets de perles. Mais, à ton tour, tu nous fourniras un attelage de bœufs pour ramener tout ce monde à travers le Transvaal, avec les vivres nécessaires et une escorte d’honneur.

— Affaire conclue ! » répondit Tonaïa d’un ton de satisfaction complète.

Puis, il ajouta d’une voix confidentielle, en se penchant à l’oreille de Pharamond :

« Les bœufs sont tout trouvés !… Ce sont ceux de ces gens-là que mes hommes ont rencontrés en train de retourner à l’étable et qu’ils ont amenés à mon kraal !… C’était de bonne guerre, n’est-ce pas ? »

Le prisonnier fut aussitôt délivré ; et, après un dernier coup d’œil donné aux splendeurs de la grotte, Cyprien, Pharamond Barthès, Matakit, s’étant laissés docilement bander les yeux, revinrent au palais de Tonaïa, où un grand festin fut donné pour célébrer la conclusion du traité.

Enfin, il fut convenu que Matakit ne reparaîtrait pas immédiatement au Vandergaart-Kopje, qu’il resterait aux environs et ne rentrerait au service du jeune ingénieur, que lorsque celui-ci serait sûr qu’il pourrait le faire sans danger. On le verra bien, ce n’était point là une précaution inutile.

Le lendemain, Pharamond Barthès, Cyprien, Lî et Matakit repartaient avec une bonne escorte pour le Griqualand. Mais, il n’y avait plus à se faire illusion, maintenant ! L’Étoile du Sud était irrémédiablement perdue, et Mr. Watkins ne pourrait pas l’envoyer briller à la tour de Londres au milieu des plus beaux joyaux de l’Angleterre !