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TRAHISON.

Quant au Napolitain, quelles que fussent ses pensées, il jugeait à propos de les garder pour lui.

Cependant, le Chinois était déjà occupé à creuser, avec son couteau de chasse, sous le gazon de la prairie, une fosse, dans laquelle, aidé de Cyprien, il déposa bientôt les restes informes de son ennemi.

Tout cela prit quelque temps, et le soleil était déjà haut sur l’horizon, lorsque les trois chasseurs reprirent le chemin du camp.

Lorsqu’ils y arrivèrent, quelle ne fut pas leur inquiétude ?… Bardik n’y était plus.


X V I


TRAHISON.

Que s’était-il donc passé au camp pendant l’absence de Cyprien et de ses deux compagnons ? Il eût été difficile de le dire, tant que le jeune Cafre n’aurait pas reparu.

On attendit donc Bardik, on l’appela, on le chercha de tous côtés. Aucune trace de lui ne put être découverte. Le déjeuner, qu’il avait commencé à préparer, resté auprès du foyer éteint, semblait indiquer que sa disparition remontait seulement à deux ou trois heures.

Cyprien en était réduit aux conjectures sur ce qui avait pu la provoquer, mais, ces conjectures, rien ne venait les éclaircir. Que le jeune Cafre eût été attaqué par une bête féroce, cela n’était pas probable : il n’y avait pas un seul indice de lutte sanglante ou même de désordre aux alentours. Qu’il eût déserté pour retourner à son pays, comme les Cafres le font souvent, c’était moins vraisemblable encore de la part d’un garçon si dévoué, et le jeune ingénieur se refusa absolument à accepter cette hypothèse, mise en avant par Annibal Pantalacci.

Bref, après une demi-journée de recherches, le jeune Cafre n’avait pas été retrouvé, et sa disparition resta un fait absolument inexplicable.

Annibal Pantalacci et Cyprien tinrent donc conseil. Après discussion, ils con-