Dans ces conditions, il importait donc de rattraper le voleur à tout prix, et, ce qui était plus utile encore, l’objet volé.
« En attendant, on n’a retrouvé aucune trace de Matakit ? demanda John Watkins.
— Aucune, répondit Cyprien.
— On a fouillé tous les environs du camp ?
— Oui, et bien fouillé ! répondit Friedel. Le coquin a disparu, probablement pendant la nuit, et il est difficile, pour ne pas dire impossible, de savoir de quel côté il s’est dirigé !
— L’officier de police a-t-il fait une perquisition dans sa case ? reprit le fermier.
— Oui, répondit Cyprien, et il n’a rien trouvé qui pût le mettre sur les traces du fugitif.
— Ah ! s’écria Mr. Watkins, je donnerais cinq cents et mille livres pour que l’on pût le reprendre !
— Je comprends cela, monsieur Watkins ! répondit Annibal Pantalacci. Mais j’ai bien peur que nous ne rattrapions jamais ni votre diamant, ni celui qui l’a dérobé !
— Pourquoi cela ?
— Parce qu’une fois lancé, reprit Annibal Pantalacci, Matakit ne sera pas assez sot pour s’arrêter en route ! Il passera le Limpopo, il s’enfoncera dans le désert, il s’en ira jusqu’au Zambèze ou jusqu’au lac Tanganayka, jusque chez les Bushmen, s’il le faut ! »
En parlant ainsi, l’astucieux Napolitain disait-il sincèrement sa pensée ? Ne voulait-il pas simplement empêcher qu’on ne se mît à la poursuite de Matakit, afin de se réserver ce soin à lui-même ? C’est ce que Cyprien se demandait, tout en l’observant.
Mais Mr. Watkins n’était pas homme à abandonner la partie sous prétexte qu’elle serait difficile à jouer. Il eût véritablement sacrifié toute sa fortune pour rentrer en possession de cette incomparable pierre, et, à travers sa fenêtre ouverte, ses yeux impatients, pleins de fureur, se portaient jusqu’aux bords verdoyants du Vaal, comme s’il eût eu l’espoir d’apercevoir le fugitif sur sa lisière !
« Non ! s’écria-t-il, cela ne peut pas se passer ainsi !… Il me faut mon diamant !… Il faut rattraper ce gredin !… Ah ! si je ne souffrais de la goutte, ce ne serait pas long, j’en réponds !