Page:Verne - L’Étoile du sud, Hetzel, 1884.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
L’ÉTOILE DU SUD.

Ces investigations ne donnèrent pas le moindre résultat.

Tous les coins et recoins de la salle du banquet furent alors passés en revue avec le plus grand soin… On n’y trouva aucune trace du diamant.

« Restent les Cafres, chargés du service ! dit l’officier de police, qui ne voulait pas en avoir le démenti.

— C’est clair !… Ce sont les Cafres ! fut-il répondu. Ils sont assez voleurs pour avoir fait le coup ! »

Les pauvres diables étaient pourtant sortis un peu avant le toast de John Watkins, aussitôt qu’on n’avait plus eu besoin de leur ministère. Ils étaient accroupis, au dehors, en rond, autour d’un grand feu allumé en plein air, et, après avoir fait honneur aux viandes qui restaient du festin, ils préludaient à un concert de leur façon, à la mode de la Cafrerie. Guitares formées d’une calebasse, flûtes dans lesquelles l’on souffle avec le nez, tams-tams sonores de toutes variétés, commençaient déjà cette cacophonie assourdissante, qui précède toute grande manifestation musicale des indigènes du Sud-Afrique.

Ces Cafres ne savaient même pas exactement ce qu’on voulait d’eux, lorsqu’on les fit entrer pour les fouiller jusque dans leurs rares vêtements. Ils comprirent seulement qu’il s’agissait d’un vol de diamant de grand prix.

Pas plus que les recherches précédentes, celles-ci furent utiles et fructueuses.

« Si le voleur se trouve parmi ces Cafres, — et il doit y être — il a eu dix fois le temps de mettre son larcin en lieu sûr ! fit très justement remarquer un des convives.

— C’est évident, dit l’officier de police, et il n’y a peut être qu’un moyen de le faire se dénoncer, c’est de s’adresser à un devin de sa race. L’expédient réussit parfois…

— Si vous le permettez, dit Matakit, qui se trouvait encore avec ses compagnons, je puis tenter l’expérience ! »

Cette offre fut aussitôt acceptée, et les convives se rangèrent autour des Cafres ; puis, Matakit, habitué à ce rôle de devin, se mit en mesure de commencer son enquête.

Tout d’abord, il commença par aspirer deux ou trois prises de tabac dans une tabatière de corne qui ne le quittait jamais.

« Je vais maintenant procéder à l’épreuve des baguettes ! » dit-il, après cette opération préliminaire.

Il alla chercher dans un buisson voisin une vingtaine de gaules, qu’il mesura