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préparatifs et départ.

Voilà comment le professeur Tartelett fut choisi pour être compagnon de voyage de Godfrey Morgan.

Un signe du négociant lui fit alors comprendre que l’audience était terminée. Il se retira donc assez ému, pour que sa sortie et les grâces spéciales qu’il déployait habituellement dans cet acte difficile laissassent tant soit peu à désirer.

En effet, pour la première fois de sa vie, le professeur Tartelett, oubliant, dans sa préoccupation, les plus élémentaires préceptes de son art, s’en allait les pieds en dedans !



V

dans lequel on se prépare à partir, et à la fin duquel on part pour de bon.


Il n’y avait plus à y revenir. Avant ce long voyage, à deux, à travers la vie, qu’on appelle mariage, Godfrey allait faire le tour du monde, — ce qui est quelquefois plus périlleux. Mais il comptait en revenir très aguerri, et, parti un jeune homme, ramener un homme au retour. Il aurait vu, observé, comparé. Sa curiosité serait satisfaite. Il ne lui resterait plus qu’à demeurer tranquille et sédentaire, à vivre heureux au foyer conjugal, que nulle tentation ne le porterait plus à quitter. Avait-il tort ou raison ? Courait-il à quelque bonne et solide leçon dont il ferait son profit ? Nous laisserons à l’avenir le soin de répondre.

Bref, Godfrey était enchanté.

Phina, anxieuse, sans en rien laisser paraître, se résignait à cet apprentissage.

Le professeur Tartelett, lui, d’habitude si ferme sur ses jambes, rompues à tous les équilibres de la danse, avait perdu son aplomb ordinaire et cherchait en vain à le retrouver. Il vacillait même sur le parquet de sa chambre, comme s’il eût été déjà sur le plancher d’une cabine, remuée par les coups de roulis et de tangage.