Page:Verne - L’École des Robinsons - Le Rayon vert.djvu/412

Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
DIX HEURES EN CHASSE.


« Touché ! m’écriai-je, hors de moi. Et cette fois, on ne me contestera pas mon coup ! »

En effet, de mes yeux, oui ! j’avais vu voler des plumes… ou plutôt des poils.

Faute de chien, je courus vers le buisson, je me précipitai sur le gibier immobile, qui ne donnait plus signe de vie ! Je le ramassai…

C’était un chapeau de gendarme, tout bordé d’argent, avec une cocarde, dont le rouge semblait me regarder comme un œil ! Heureusement, il n’était pas sur la tête de son propriétaire, à l’instant où je l’avais tiré !


X


À ce moment, un long corps, couché sur l’herbe, se releva.

Je reconnus avec terreur le pantalon bleu à bande noire, la tunique foncée à boutons d’argent, le ceinturon et le baudrier jaunes de Pandore, que mon malencontreux coup de fusil venait de réveiller.

« Que vous tirez maintenant les chapeaux de gendarme ? me dit-il avec cet accent qui distingue l’institution.

— Gendarme, je vous assure !… répondis-je en balbutiant.

— Et même que vous l’avez touché en pleine cocarde !

— Gendarme… j’ai cru… que c’était un lièvre !… Une illusion !… D’ailleurs, j’offre de payer…

— Vraiment !… Que c’est très cher, un chapeau de gendarme… surtout si on le tire sans permis ! »

Je devins pâle. Tout mon sang me reflua au cœur. C’était là le point délicat.

« Que vous avez un permis ? me demanda Pandore.

— Un permis ?…

— Oui ! un permis ! Vous savez bien ce que c’est qu’un permis ? »

Eh bien, non ! je n’avais pas de permis ! Pour un seul jour de chasse, j’avais