DIX HEURES EN CHASSE
I
Il y a des gens qui n’aiment point les chasseurs, et peut-être n’ont-ils pas tout à fait tort.
Est-ce parce qu’il ne répugne pas à ces gentlemen de tuer le gibier de leurs propres mains, avant de le manger ?
Ne serait-ce pas plutôt parce que lesdits chasseurs racontent trop volontiers, à tout propos, et hors de propos, leurs prouesses ?
J’incline vers cette dernière raison.
Or, il y a quelque vingt ans, je me suis rendu coupable du premier de ces méfaits. J’ai chassé ! Oui, j’ai chassé !… Aussi, pour m’en punir, je vais me rendre coupable du second, en vous racontant par le menu mes aventures de chasse.
Puisse ce récit, sincère et véridique, dégoûter à jamais mes semblables de s’en aller à travers champs, à la suite d’un chien, le carnier sur le dos, la cartouchière à la ceinture, le fusil sous le bras ! Mais j’y compte peu, je le confesse. Enfin, à tout risque, je commence.
II
Un philosophe fantaisiste a dit quelque part : « N’ayez jamais ni maison de campagne, ni voiture, ni chevaux… ni chasses ! Il y a toujours des amis qui se chargent d’en avoir pour vous ! »