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la grotte de fingal.

tridge quittèrent la Clorinda, après que John Olduck eut laissé à leur disposition le petit canot du yacht, qui pouvait leur être utile pour aller d’une roche à l’autre.

Une heure après, la Clorinda, avec deux ris dans ses voiles, son mât de flèche calé, son petit foc de mauvais temps, appareillait de manière à contourner le nord de Mull, afin de gagner Achnagraig par le détroit qui sépare l’île de la franche terre. Ses passagers, du haut de Staffa, la suivirent du regard aussi loin que possible. Couchée sous la brise, comme une mouette dont l’aile rase les lames, une demi-heure plus tard, elle avait disparu derrière l’îlot de Gometra.

Mais, si le temps menaçait, le ciel n’était pas embrumé. Le soleil perçait encore à travers les grandes déchirures de nuages, que le vent entrouvrait au zénith. On pouvait se promener sur l’île, et suivre, en la contournant, le pied des falaises basaltiques. Aussi, le premier soin de miss Campbell et des frères Melvill, sous la conduite d’Olivier Sinclair, fut-il de se rendre à la grotte de Fingal.

Les touristes qui viennent d’Iona ont l’habitude de visiter cette grotte avec les embarcations du steamer d’Oban ; mais il est possible d’y pénétrer jusqu’à son extrême profondeur, en débarquant sur les roches de droite, où se trouve une sorte de quai praticable.

C’est ainsi qu’Olivier Sinclair résolut de faire cette exploration, sans employer le canot de la Clorinda.

On sortit donc de Clam-Shell. On prit par la chaussée, qui borde le littoral à l’orient de l’île. L’extrémité des fûts, enfoncés verticalement, comme si quelque ingénieur eût battu là des pieux de basalte, formait un pavé solide et sec, au pied des grandes roches. Cette promenade de quelques minutes se fit en causant, en admirant les îlots, caressés par le ressac, dont une eau verte laissait voir jusqu’à la base. On ne saurait imaginer plus admirable route pour conduire à cette grotte, digne d’être habitée par quelque héros des Mille et une Nuits.

Arrivés à l’angle sud-est de l’île, Olivier Sinclair fit gravir à ses compagnons plusieurs marches naturelles, qui n’eussent point déparé l’escalier d’un palais.

C’est à l’angle du palier que se dressent les piliers extérieurs, groupés contre les parois de la grotte, comme ceux du petit temple de Vesta à Rome, mais juxtaposés, de manière à dissimuler le gros œuvre. À leur faîte s’appuie