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staffa.


XVIII

staffa.


Si Staffa n’est qu’un simple îlot, la nature en a fait du moins le plus curieux de tout l’archipel des Hébrides. Ce gros rocher, de forme ovale, long d’un mille, large d’un demi, cache sous sa carapace d’admirables grottes d’origine basaltique. Aussi est-ce là le rendez-vous aussi bien des géologues que des touristes. Cependant, ni miss Campbell, ni les frères Melvill n’avaient encore visité Staffa. Seul, Olivier Sinclair en connaissait les merveilles. Il était donc tout désigné pour faire les honneurs de cette île, à laquelle ils étaient venus demander une hospitalité de quelques jours.

Ce rocher est uniquement dû à la cristallisation d’une énorme loupe de basalte, qui s’est figée là, aux premières périodes de formation de l’écorce terrestre. Et cela date de loin. En effet, suivant les observations d’Hemholtz, — concluant des expériences de Bischof sur le refroidissement du basalte, qui n’a pu fondre qu’à une température de deux mille degrés, — il n’a pas fallu, pour opérer son entier refroidissement, moins de trois cent cinquante millions d’années. Ce serait donc à une époque fabuleusement reculée que la solidification du globe, après avoir passé de l’état gazeux à l’état liquide, aurait commencé à se produire.

Si Aristobulus Ursiclos se fût trouvé là, il aurait eu matière à quelque belle dissertation sur les phénomènes de l’histoire géologique. Mais il était loin, miss Campbell ne pensait plus à lui, et, comme le dit le frère Sam au frère Sib :

« Laissons cette mouche tranquille sur la murrille ! »

Locution toute écossaise qui répond au « N’éveillons pas le chat qui dort » des Français.

Puis, on regarda et on se regarda.