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un nuage à l’horizon.

d’une terre à l’autre. Il fallait bien en convenir, l’horizon demandé et promis manquait au paysage d’Oban.

Les deux frères ne s’en étaient même pas aperçus pendant leur promenade le long de la grève. Aussi, laissant échapper ces deux interjections bien écossaises, qui expriment un véritable désappointement, mêlé de quelque mauvaise humeur :

« Pooh ! fit l’un.

— Pswha ! » répondit l’autre.


VIII

un nuage à l’horizon.


Une explication était devenue nécessaire ; mais, comme Aristobulus Ursiclos n’avait rien à voir en cette explication, miss Campbell le salua froidement et retourna vers Caledonian Hotel.

Aristobulus Ursiclos avait rendu non moins froidement son salut à la jeune fille. Évidemment froissé d’avoir été mis en balance avec un rayon, de quelque couleur qu’il fût, il reprit le chemin de la grève, tout en se parlant à lui-même dans les termes les plus convenables.

Le frère Sam et le frère Sib ne se sentaient point dans leur assiette. Aussi, lorsqu’ils furent dans le salon réservé, ils attendirent, l’oreille basse, que miss Campbell leur adressât la parole.

L’explication fut courte, mais nette. On était venu à Oban pour voir un horizon de mer, et on n’en voyait rien, ou si peu, qu’il ne valait pas la peine d’en parler.

Les deux oncles ne purent arguer que de leur bonne foi. Ils ne connaissaient point Oban ! Qui se serait imaginé que la mer, la vraie mer, ne fût pas là, puisque les baigneurs y affluaient ! C’était peut-être le seul point de la côte où, grâce à ces malencontreuses Hébrides, la ligne d’eau circulaire ne se découpât pas sur le ciel !

« Eh bien, dit miss Campbell, d’un ton qu’elle voulut rendre aussi sévère