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— En pourrait-on trouver un plus sympathique et plus au gré d’Helena que ce jeune savant qui, à diverses reprises, nous a manifesté des sentiments si convenables…

— Et si sérieux à son égard ?

— Ce serait difficile, en effet. Instruit, gradué des Universités d’Oxford et d’Édimbourg…

— Physicien comme Tyndall…

— Chimiste comme Faraday…

— Connaissant à fond la raison de toutes choses en ce bas monde, frère Sam…

— Et qu’on ne prendrait pas à court sur n’importe quelle question, frère Sib…

— Descendant d’une excellente famille du comté de Fife, et d’ailleurs, possesseur d’une fortune suffisante…

— Sans parler de son aspect fort agréable, à mon sens, même avec ses lunettes d’aluminium ! »

Les lunettes de ce héros eussent été en acier, en nickel ou même en or, que les frères Melvill n’auraient pas vu là un vice rédhibitoire. Il est vrai, ces appareils optiques vont bien aux jeunes savants, dont ils complètent à souhait la physionomie un peu sérieuse.

Mais ce gradué des Universités susdites, ce physicien, ce chimiste, conviendrait-il à miss Campbell ? Si miss Campbell ressemblait à Diana Vernon, Diana Vernon, on le sait, n’éprouvait pour son savant cousin Rashleigh d’autre sentiment que celui d’une amitié contenue, et elle ne l’épousait point à la fin du volume.

Bon ! cela n’était vraiment pas pour inquiéter les deux frères. Ils y apportaient toute l’inexpérience de vieux garçons, assez incompétents en de telles matières.

« Ils se sont déjà souvent rencontrés, frère Sib, et notre jeune ami n’a pas paru insensible à la beauté d’Helena !

— Je le crois bien, frère Sam ! Le divin Ossian, s’il avait eu à célébrer ses vertus, sa beauté et sa grâce, l’eût appelée Moina, c’est-à-dire aimée de tout le monde…

À moins qu’il ne l’eût nommée Fiona, frère Sib, c’est-à-dire la belle sans égale des époques gaéliques !

— N’avait-il pas deviné notre Helena, frère Sam, lorsqu’il disait : « Elle