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qui explique ce qui avait paru inexplicable

« Mais, dit enfin William W. Kolderup, tu n’es pas resté depuis six mois à fond de cale, je suppose ?

— Non ! répondit Seng-Vou.

— Où étais-tu donc caché ?

— Dans l’île !

— Toi ? s’écria Godfrey.

— Moi !

— Alors ces fumées ?…

— Il fallait bien faire du feu !

— Et tu ne cherchais pas à te rapprocher de nous, à partager la vie commune ?

— Un Chinois aime à vivre seul, répondit tranquillement Seng-Vou. Il se suffit à lui-même et n’a besoin de personne ! »

Et là-dessus, l’original, saluant William W. Kolderup, débarqua et disparut.

« Voilà de quel bois sont faits les vrais Robinsons ! s’écria l’oncle Will. Regarde celui-là, et vois si tu lui ressembles ! C’est égal, la race anglo-saxonne aura du mal à absorber des gens de cet acabit !

— Bon ! dit alors Godfrey, les fumées sont expliquées par la présence de Seng-Vou, mais les fauves ?…

— Et mon crocodile ! ajouta Tartelett. J’entends que l’on m’explique mon crocodile ! »

L’oncle William W. Kolderup, très embarrassé, se sentant à son tour et pour sa part mystifié sur ce point, passa sa main sur son front comme pour en chasser un nuage.

« Nous saurons cela plus tard, dit-il. Tout finit par se découvrir à qui sait chercher ! »

Quelques jours après, on célébrait en grande pompe le mariage du neveu et de la pupille de William W. Kolderup. Si les deux jeunes fiancés furent choyés et fêtés par tous les amis du richissime négociant, nous le laissons à penser.

Dans cette cérémonie, Tartelett fut parfait de tenue, de distinction, de « comme il faut », et l’élève fit également honneur au célèbre professeur de danse et de maintien.

Cependant, Tartelett avait une idée. Ne pouvant faire monter son crocodile en épingle, — il le regrettait, — il résolut de le faire tout simplement