Après quelques essais infructueux, ce nègre, qui, en somme, avait une très intelligente et même très honnête figure, répondit à la demande qui lui était faite par ce seul mot :
« Carèfinotu.
— Carèfinotu ! s’écria Tartelett. Voyez-vous ce nom ?… Je propose, moi, de l’appeler « Mercredi », puisque c’est aujourd’hui mercredi, ainsi que cela se fait toujours dans les îles à Robinsons ! Est-ce qu’il est permis de se nommer Carèfinotu ?
— Si c’est son nom, à cet homme, répondit Godfrey, pourquoi ne le garderait-il pas ? »
Et, en ce moment, il sentit une main s’appuyer sur sa poitrine, tandis que toute la physionomie du noir semblait lui demander comment il s’appelait lui-même.
« Godfrey ! » répondit-il.
Le noir essaya de répéter ce nom ; mais bien que Godfrey les lui eût répété plusieurs fois, il ne parvint pas à le prononcer d’une façon intelligible. Alors il se tourna vers le professeur, comme pour savoir le sien.
« Tartelett, répondit celui-ci d’un ton aimable.
— Tartelett ! » répéta Carèfinotu.
Et il fallait que cet assemblage de syllabes fût convenablement accommodé pour la disposition des cordes vocales de son gosier, car il le prononça très distinctement.
Le professeur en parut extrêmement flatté. En vérité, il y avait de quoi l’être !
C’est alors que Godfrey, voulant mettre à profit l’intelligence de ce noir, essaya de lui faire comprendre qu’il désirait savoir quel était le nom de l’île. Il lui montra donc de la main l’ensemble des bois, des prairies, des collines, puis le littoral qui les encadrait, puis l’horizon de mer, et il l’interrogea du regard.
Carèfinotu, ne comprenant pas immédiatement ce dont il s’agissait, imita le geste de Godfrey, il tourna sur lui-même en parcourant des yeux tout l’espace.
« Arneka, dit-il enfin.
— Arneka ? reprit Godfrey en frappant le sol du pied pour mieux accentuer sa demande.
— Arneka ! » répéta le noir.