rents, alors qu’il faudrait combattre le froid dont on devait craindre l’extrême rigueur pendant une certaine période, force serait d’aviser au moyen de faire du feu à l’intérieur de l’habitation, et de donner à la fumée une issue suffisante. Cette importante question devrait être résolue en son temps.
Un travail très utile fut celui que Godfrey entreprit, afin de mettre en communication les deux rives du rio, sur la lisière du groupe de séquoias. Il parvint, non sans peine, à enfoncer des pieux dans les eaux vives, et il disposa quelques baliveaux qui servirent de pont. On pouvait aller ainsi au littoral du nord sans passer par un gué, qui obligeait à faire un détour de deux milles en aval.
Mais si Godfrey prenait toutes les précautions afin que l’existence fût à peu près possible sur cette île perdue du Pacifique, — au cas où son compagnon et lui seraient destinés à y vivre longtemps, à y vivre toujours peut-être ! — il ne voulut rien négliger, cependant, de ce qui pouvait accroître les chances de salut.
L’île Phina n’était pas sur la route des navires : cela n’était que trop évident. Elle n’offrait aucun port de relâche, aucune ressource pour un ravitaillement. Rien ne pouvait engager les bâtiments à venir en prendre connaissance. Toutefois, il n’était pas impossible qu’un navire de guerre ou de commerce ne passât en vue. Il convenait donc de chercher le moyen d’attirer son attention et de lui montrer que l’île était habitée.
Dans ce but, Godfrey crut devoir installer un mât de pavillon à l’extrémité du cap qui se projetait vers le nord, et il sacrifia la moitié d’un des draps trouvés dans la malle. En outre, comme il craignait que la couleur blanche ne fût visible que dans un rayon très restreint, il essaya de teindre son pavillon avec les baies d’une sorte d’arbousier qui croissait au pied des dunes. Il obtint de la sorte un rouge vif, qu’il ne put rendre indélébile, faute de mordant, mais il devait en être quitte pour reteindre sa toile, lorsque le vent ou la pluie en auraient effacé la couleur.
Ces divers travaux l’occupèrent jusqu’au 15 août. Depuis plusieurs semaines, le ciel avait été presque constamment beau, à part deux ou trois orages d’une extrême violence, qui avaient déversé une grande quantité d’eau, dont le sol s’était avidement imprégné.
Vers cette époque, Godfrey commença son métier de chasseur. Mais, s’il était assez habile à manier un fusil, il ne pouvait compter sur Tartelett, qui en était encore à tirer son premier coup de feu.