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l’école des robinsons

bouillon d’agouti qu’ils déclarèrent excellent. Quant à la viande, au dire du professeur, il eût été difficile d’imaginer quelque chose de plus exquis ! Ô merveilleux effet des privations !

Le lendemain, 30, Godfrey et Tartelett partaient dès l’aube, et trois autres voyages achevaient de vider et de transporter le contenu de la malle. Avant le soir, outils, armes, instruments, ustensiles, tout était apporté, rangé, emmagasiné à Will-Tree.

Enfin le 1er août, la malle elle-même, traînée non sans peine le long de la grève, trouvait place dans l’habitation, où elle se transformait en coffre à linge.

Tartelett, avec la mobilité de son esprit, voyait maintenant l’avenir tout en rose. On ne s’étonnera donc pas que, ce jour-là, sa pochette à la main, il fût venu trouver son élève et lui eût très sérieusement dit, comme s’ils avaient été dans le salon de l’hôtel Kolderup :

« Eh bien, mon cher Godfrey, ne serait-il pas temps de reprendre nos leçons de danse ? »


XV

où il arrive ce qui arrive au moins une fois dans la vie de tout robinson vrai ou imaginaire.


L’avenir se montrait donc sous un jour moins sombre. Mais, si Tartelett, tout au présent, ne voyait dans la possession de ces instruments, de ces outils, de ces armes, qu’un moyen de rendre cette vie d’isolement un peu plus agréable, Godfrey, lui, songeait déjà à la possibilité de quitter l’île Phina. Ne pourrait-il, maintenant, construire une embarcation suffisamment solide, qui leur permettrait d’atteindre, soit une terre voisine, soit quelque navire passant en vue de l’île ?

En attendant, ce furent les idées de Tartelett, dont la réalisation occupa plus spécialement les semaines qui suivirent.

Bientôt, en effet, la garde-robe de Will-Tree fut installée, mais il fut décidé