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godfrey trouve une épave

Aussi Godfrey ne se tenait-il pas de joie. Il eût tout exprès commandé ce trousseau, à l’usage de naufragés dans l’embarras, qu’il ne l’aurait pas eu plus complet.

Cela valait bien un remerciement à la Providence, et la Providence eut son remerciement, parti d’un cœur reconnaissant.

Godfrey s’était donné le plaisir d’étaler tout son trésor sur la grève. Chaque objet avait été visité, mais aucun papier ne se trouvait dans la malle qui pût en indiquer la provenance, ni sur quel navire elle avait été embarquée.

Aux alentours, d’ailleurs, la mer n’avait apporté aucune autre épave d’un naufrage récent. Rien sur les roches, rien sur la grève. Il fallait que la malle eût été transportée en cet endroit par le flux, après avoir flotté plus ou moins longtemps. En effet, son volume, par rapport à son poids, avait pu lui assurer une flottabilité suffisante.

Les deux hôtes de l’île Phina se trouvaient donc avoir, et pour un certain temps, les besoins de la vie matérielle assurés dans une large mesure : outils, armes, instruments, ustensiles, vêtements, une heureuse bonne fortune venait de tout leur donner.

Il va de soi que Godfrey ne pouvait songer à emporter tous ces objets à Will-Tree. Leur transport nécessiterait plusieurs voyages ; mais il conviendrait de se hâter, par crainte du mauvais temps.

Godfrey remit donc la plupart de ces divers objets dans la malle. Un fusil, un revolver, une certaine quantité de poudre et de plomb, un couteau de chasse, la longue-vue, la marmite, voilà ce dont il se chargea uniquement.

Puis, la malle fut soigneusement refermée, rebouclée, et, d’un pas rapide, Godfrey reprit le chemin du littoral.

Ah ! comme il fut reçu une heure après par Tartelett ! Et le contentement du professeur, lorsque son élève lui eut fait l’énumération de leurs nouvelles richesses ! La marmite, la marmite surtout, lui causa des transports, qui se traduisirent par une série de jetés-battus, terminés par un triomphant pas de six-huit !

Il n’était encore que midi. Aussi, Godfrey voulut-il, après le déjeuner, retourner immédiatement à Dream-Bay. Il lui tardait que tout fût mis en sûreté dans Will-Tree.

Tartelett ne fit aucune objection et se déclara prêt à partir. Il n’avait même