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l’école des robinsons

Quant aux agoutis, aux moutons, aux chèvres, jusqu’alors il avait paru inutile de leur chercher une bauge ou une étable. Lorsque la mauvaise saison serait venue, on aviserait. En attendant, ils prospéraient dans ce luxuriant pâturage de la prairie, ayant là en abondance une sorte de sainfoin et quantité de ces racines comestibles, dont les représentants de la race porcine faisaient le plus grand cas. Quelques chèvres avaient mis bas depuis l’arrivée dans l’île, mais on leur laissait presque tout leur lait, afin qu’elles pussent pourvoir, à la nourriture des petits.

De tout cela, il résultait que Will-Tree et ses alentours étaient maintenant fort animés. Les animaux domestiques, bien repus, venaient, aux heures chaudes de la journée, y chercher refuge contre les ardeurs du soleil. Il n’y avait point à craindre qu’ils allassent s’égarer au loin, ni rien à redouter, non plus, de la part des fauves, puisqu’il ne semblait pas que l’île Phina renfermât un seul animal dangereux.

Ainsi allaient les choses, avec le présent à peu près assuré, mais un avenir toujours inquiétant, lorsqu’un incident inattendu se produisit, qui devait notablement améliorer la situation.

C’était le 29 juillet.

Godfrey errait, pendant la matinée, sur cette partie de la grève qui formait le littoral de la grande baie, à laquelle il avait donné le nom de Dream-Bay. Il l’explorait, afin de reconnaître si elle était aussi riche en mollusques que le littoral du nord. Peut-être espérait-il encore que quelque épave s’y retrouverait, tant il lui semblait singulier que le ressac n’eût pas jeté un seul des débris du navire à la côte.

Or, ce jour-là, il s’était avancé jusqu’à la pointe septentrionale, que terminait une plage sablonneuse, lorsque son attention fut attirée par une roche de forme bizarre, qui émergeait à la hauteur du dernier relai d’algues et de varechs.

Un certain pressentiment le porta à hâter sa marche. Quelle fut sa surprise, sa joie aussi, quand il reconnut que ce qu’il prenait pour une roche, était une malle à demi enterrée dans le sable.

Était-ce un des colis du Dream ? Se trouvait-il à cette place depuis le naufrage ? N’était-ce pas plutôt tout ce qui restait d’une autre catastrophe plus récente ? Il eût été difficile de le dire. En tout cas, d’où qu’elle vînt et quoi qu’elle pût contenir, cette malle devait être de bonne prise.

Godfrey l’examina extérieurement. Il n’y vit aucune trace d’adresse. Pas