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un heureux coup de foudre

quelques jours, tourna à l’orage, après une accablante chaleur, que la brise de mer avait été impuissante à tempérer.

Godfrey et Tartelett, vers une heure du matin, furent réveillés par les éclats de la foudre, au milieu d’un véritable feu d’artifice d’éclairs. Il ne pleuvait pas encore, mais cela ne pouvait tarder. Ce seraient alors de véritables cataractes qui se précipiteraient de la zone nuageuse par suite de la rapide condensation des vapeurs.

Godfrey se leva et sortit, afin d’observer l’état du ciel.

Tout n’était qu’embrasement au-dessus du dôme des grands arbres, dont le feuillage apparaissait sur le ciel en feu, comme les fines découpures d’une ombre chinoise.

Tout à coup, au milieu de l’éclat général, un éclair plus ardent sillonna l’espace. Le coup de tonnerre partit aussitôt, et Will-Tree fut sillonné de haut en bas par le fluide électrique.

Godfrey, à demi renversé par un contre-choc, s’était relevé au milieu d’une pluie de feu, qui tombait autour de lui. La foudre avait enflammé les branches sèches de la ramure supérieure. C’étaient autant de charbons incandescents qui crépitaient sur le sol.

Godfrey, d’un cri, avait appelé son compagnon.

« Du feu ! du feu !

— Du feu ! avait répondu Tartelett. Béni soit le ciel qui nous renvoie ! »

Tous deux s’étaient aussitôt jetés sur ces brandons, dont les uns flambaient encore, dont les autres se consumaient sans flammes ! Ils en ramassèrent en même temps qu’une certaine quantité de ce bois mort qui ne manquait pas au pied du séquoia, dont le tronc n’avait été que touché par la foudre. Puis ils rentrèrent dans leur sombre demeure, au moment où la pluie, se déversant à flots, éteignait l’incendie, qui menaçait de dévorer la ramure supérieure de Will-Tree.