Page:Verne - L’École des Robinsons - Le Rayon vert.djvu/105

Cette page a été validée par deux contributeurs.
93
où la question du logement est résolue

— Oui mais la cheminée ? dit Tartelett.

— Avant de réclamer la cheminée, répondit Godfrey, attendez au moins que nous ayons pu nous procurer du feu ! »

C’était on ne peut plus logique.

Godfrey alla reconnaître les environs du groupe d’arbres. Ainsi qu’il a été dit, la prairie s’étendait jusqu’à cet énorme massif de séquoias, qui en formait la lisière. Le petit rio, courant à travers son tapis verdoyant, entretenait au milieu de ces terres, un peu fortes, une salutaire fraîcheur. Des arbustes de diverses sortes croissaient sur ses bords, myrtes, lentisques, entre autres, quantité de ces manzanillas, qui devaient assurer la récolte des pommes sauvages.

Plus loin, en remontant, quelques bouquets d’arbres, des chênes, des hêtres, des sycomores, des micocouliers, s’éparpillaient sur toute cette vaste zone herbeuse ; mais bien qu’ils fussent, eux aussi, de grande taille, on les eût pris pour de simples arbrisseaux, auprès de ces « Mammoths-trees, » dont le soleil levant devait prolonger les grandes ombres jusqu’à la mer. À travers ces prairies se dessinaient aussi de sinueuses lignes d’arbustes, de touffes végétales, de buissons verdoyants, que Godfrey se promit d’aller reconnaître le lendemain.

Si le site lui avait plu, il ne semblait pas déplaire aux animaux domestiques. Agoutis, chèvres, moutons, avaient pris possession de ce domaine, qui leur offrait des racines à ronger ou de l’herbe à brouter au delà de leur suffisance. Quant aux poules, elles becquetaient avidement des graines ou des vers sur les bords du ruisseau. La vie animale se manifestait déjà par des allées et venues, des gambades, des vols, des bêlements, des grognements des gloussements, qui, sans doute, ne s’étaient jamais fait entendre en ces parages.

Puis, Godfrey revint au groupe des séquoias, et examina plus attentivement l’arbre dans lequel il allait faire élection de domicile. Il lui parut qu’il serait, sinon impossible, du moins bien difficile de se hisser jusqu’à ses premières branches, au moins par l’extérieur, puisque ce tronc ne présentait aucune saillie ; mais, à l’intérieur, peut-être l’ascension serait-elle plus aisée, si l’arbre se creusait jusqu’à la fourche entre le cœur et l’écorce.

Il pouvait être utile, en cas de danger, de chercher un refuge dans cette épaisse ramure que supportait l’énorme tronc. Ce serait une question à examiner plus tard.