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VI

lune de miel.

Lorsque, le lendemain, Robert, vers sept heures, monta sur le pont, le navire immobile était mouillé dans le port de Horta, capitale de l’île de Fayal. De toutes parts, la terre bornait l’horizon.

À l’Ouest, flanquée de ses deux forts, la ville, d’agréable aspect, s’étageait en amphithéâtre, élevant les uns au-dessus des autres les clochers de ses églises, et couronnée par une éminence que surmonte un vaste édifice, couvent de Jésuites autrefois.

Au Nord, le regard était arrêté par la Ponta Espalamaca limitant un des côtés de la rade ; au Sud, par deux rochers limitant l’autre côté, le Monte Queimado (Montagne Brûlée), sur lequel s’appuie la digue qui ferme le port, et la Ponta da Guia (Pointe du Guide), ancien volcan, dont le cratère égueulé, la Chaudière de l’Enfer, est envahi par la mer et sert parfois de refuge aux pêcheurs lorsque le temps menace.

Vers le Nord-Est, la vue s’étendait librement jusqu’à la pointe occidentale de l’île Saint-Georges, distante de vingt milles environ.

À l’Est, c’était la masse énorme de Pico (le Pic). Sous ce nom, île et montagne se confondent, comme elles se confondent dans la réalité. Hors des flots, les rivages de l’île surgissent brusquement, et, par une pente ininterrompue, deviennent, deux mille trois cents mètres plus haut, le sommet de la montagne. Ce sommet, Robert ne put l’apercevoir. À douze cents mètres environ, un rideau de brume arrêtait le regard. Une incessante tourmente parcourait cet amas de vapeurs. Tandis que, sur le sol, les vents alizés soufflaient du Nord-Est, là-haut, des lam-