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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

— Je n’en connais qu’un, répondit Pip bonnement. C’est un nommé Pip, qui n’est pas trop mauvais marin, dit-on. Seulement, voilà, il y a un inconvénient. Ce Pip a trouvé le moyen de se marier sans prendre femme. Avec lui, il faut engager un chien. Mais la pauvre bête est vieille et n’en a plus pour longtemps. Voilà quinze ans qu’elle roule à travers le monde, et c’est un grand âge pour un chien, ajouta-t-il en adressant à Artimon un regard plein d’une mélancolique tendresse.

— Comment, capitaine, vous consentiriez ?… s’écria Robert.

— Si je consens !… affirma le capitaine. J’ai assez des navires à passagers. C’est une marchandise trop encombrante. Et puis, aller éternellement de Liverpool à New-York et de New-York à Liverpool, c’est une péripétie du diable, ça, monsieur !

— Voilà donc qui est entendu, dirent à la fois Robert et Roger.

— Oui, déclara le capitaine, Artimon aura chez vous ses invalides, à bord du… Au fait ! avez-vous baptisé votre futur yacht ?

— En souvenir du Seamew, dit Dolly, ma sœur et moi l’avons nommé la Mouette.

— Bonne idée ! approuva ironiquement Baker. Je vous vois déjà sur la route de Tombouctou !

— Nous tâcherons d’éviter ce malheur, répliqua le capitaine. Mais, à propos du Seamew, devinez un peu qui j’ai rencontré à Londres, pas plus tard qu’hier ?

— Thompson ! s’écrièrent en chœur tous les convives.

— Juste ! Thompson. Beau comme le jour, élégant, fringant, agité, couvert de bijoux, comme autrefois. Il avait donc une autre sacoche que le cheik n’a pas découverte ? Ou bien vous n’avez pas réalisé vos menaces ? demanda le capitaine en se tournant vers Baker.

— Ne m’en parlez pas ! dit celui-ci avec mauvaise humeur. Ce Thompson est un homme infernal qui me fera mourir. Certes, je les ai tenues, mes menaces. Moi et vingt autres passagers, nous avons accablé ce farceur de procès que nous avons