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L’AGENCE THOMPSON AND Co

M. de Sorgues. Le fait qu’on vous a dressé cette tente suffirait au besoin à vous en convaincre. C’est donc votre rançon, qui sera la plus forte, que le cheik tient par-dessus tout à recouvrer. D’autre part, il a été très frappé de la similitude de nos noms, et il m’a longuement interrogé à ce sujet. J’ai cru bien faire en me permettant un mensonge analogue à celui de M. de Sorgues. Bref, Alice, afin d’avoir plus de pouvoir pour votre défense, et bien que cela, hélas ! ne soit pas vrai, j’ai dit au cheik que j’étais votre mari.

Jack, après avoir prononcé ces mots, guetta un signe d’approbation ou de désaveu. Alice ne fit ni l’un ni l’autre. Elle écoutait, simplement, attendant la conclusion. Cette conclusion, il fallait bien enfin la formuler.

— Certes, s’écria Jack, j’ai été bien surpris du résultat de mon mensonge. Dès qu’il connut les prétendus liens qui nous unissent, le cheik pensa, et en cela il ne se trompe pas, que j’apporterais à votre délivrance plus de dévouement que pas un de nos compagnons, et il me choisit sur-le-champ pour aller réunir les rançons exigées.

Ses vaisseaux brûlés, Jack respira largement. Alice n’avait pas bronché.

Décidément, cela marchait tout seul.

— J’espère, continua-t-il d’une voix plus assurée, que vous ne désapprouverez pas le choix du cheik et que vous consentirez à me confier les lettres et les signatures nécessaires pour me procurer les sommes que je devrai rapporter.

— Je ne vous remettrai pas ces lettres, dit avec froideur Alice, en fixant plus attentivement son beau-frère.

— Pourquoi ?

— Pour deux raisons.

— Ayez la bonté de me les dire, repartit vivement Jack, et discutons-les en bons parents, si vous le voulez bien.

— En premier lieu, déclara Alice posément, sachez que je suis opposée à l’envoi d’un messager quelconque en ce moment.