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QUITTES !

Roger avait raison de l’affirmer, et tout ceci n’était qu’une épreuve qui resterait sans durée.

Soutenue, portée par ces deux volontés, Dolly ignora le découragement, et quand, le soir, elle s’endormit à l’abri d’une tente, que le cheik, pour des motifs de lui connus, avait fait dresser spécialement pour ses deux prisonnières, elle avait la certitude de se réveiller dans la liberté.

L’aube, pourtant, la réveilla prisonnière. Les sauveurs attendus n’étaient pas venus pendant la nuit, et une nouvelle journée commençait qui allait ajouter d’autres kilomètres de sable entre les naufragés et la mer.

Pourtant, à leur grand étonnement, le signal du départ ne leur fut pas donné à l’heure de la veille. Le soleil s’éleva sur l’horizon, atteignit le zénith, sans qu’aucun préparatif parût être fait parmi l’escorte.

Quelle pouvait être la cause de cette prolongation imprévue de la halte ? À cet égard, toutes les suppositions étaient permises, mais, seule, Alice possédait les éléments d’une hypothèse plausible.

Réveillée la première, ce matin même, elle avait aperçu Jack Lindsay et le cheik en conférence. Écouté avec ce calme particulier aux Orientaux, Jack parlait en mettant dans son discours toute l’animation dont son caractère sombre était susceptible. Évidemment, il cherchait à prouver quelque chose, il plaidait. Au demeurant, le cheik et lui semblaient être les meilleurs amis du monde, et, si invraisemblable que cela fût, Alice eut le sentiment qu’ils avaient eu des relations antérieures.

Et en vérité sa perspicacité ne l’égarait pas. Oui, le cheik et Jack Lindsay se connaissaient.

Après avoir vu Robert tomber, Jack, qui, ne pouvant prévoir l’intervention d’Artimon, considérait son ennemi comme mort, s’était empressé de poursuivre la réalisation du plan qu’il avait formé.

Ce plan était d’une monstrueuse simplicité.