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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

à chercher quelque moyen d’échapper au sort qui le menaçait. Il n’en découvrit pas malgré son esprit inventif. Il s’était sottement laissé prendre dans un traquenard sans issue.

Thompson finit pourtant par se rassurer, en pensant combien il était peu probable que Baker exécutât ses menaces jusqu’au bout. Il ne s’agissait évidemment que d’une plaisanterie, désagréable assurément, mais d’une simple plaisanterie qui cesserait d’elle-même à bref délai.

Ces considérations optimistes n’eurent pas toutefois le pouvoir de rendre à Thompson assez de calme pour lui permettre de trouver le sommeil. Jusqu’au matin, tout en agitant les chances qu’il avait de sauver à la fois sa vie et sa caisse, il se promena sur le pont, où veillaient à tour de rôle les bordées de quart.

Pendant que Thompson veillait, les autres passagers de la Santa-Maria dormaient à poings fermés le bon sommeil des consciences paisibles. Le temps se maintenait assez beau, malgré la sécheresse de ce vent d’Est qui gonflait les voiles du navire. À cette allure, on avançait rapidement. Quand le jour se leva, São-Thiago restait à plus de vingt milles dans le Sud.

On passait en ce moment à une faible distance de l’île de Maio, mais personne, sauf Thompson, n’était là pour contempler cette terre désolée.

Il n’en était pas de même, quand, quatre heures plus tard, on longea, mais de moins près, l’île de Boavista. Tous étaient alors levés à bord de la Santa-Maria, et la dunette regorgeait de promeneurs que le défaut de place forçait à refluer sur le pont. Tous les regards se dirigèrent vers la ville de Rabil, devant laquelle on apercevait distinctement cette fois quelques navires à l’ancre. Boavista s’abaissait à son tour sur l’horizon, lorsque la cloche sonna le déjeuner.

Baker, promu administrateur de ce voyage de retour, avait donné libre carrière à son penchant pour l’ordre et la méthode. À bord de la Santa-Maria, il entendait que les choses marchassent comme à bord du plus régulier des paquebots, et la