Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/426

Cette page a été validée par deux contributeurs.
400
L’AGENCE THOMPSON AND Co.

La ville entière dormait. Pas un passant. Pas une lumière. Au milieu de ce désert d’ombre et de silence, trouver suffisant logement pour tant de personnes était un véritable problème.

On prit le parti de se diviser en trois bandes. L’une, sous la conduite du capitaine, comprit l’équipage du navire défunt. La seconde, dirigée par Thompson, compta naturellement Baker parmi ses membres. La troisième enfin se confia au polyglottisme de Robert.

Cette dernière du moins, à laquelle s’étaient incorporés Roger et les deux Américaines, n’eut aucune peine à trouver un hôtel. En quelques minutes, Robert en avait découvert un. Il en heurta aussitôt la porte de façon à réveiller les plus obstinés dormeurs.

Quand l’hôte, attiré par le vacarme, eut entrouvert sa porte, la vue d’aussi nombreux clients parut le frapper de stupéfaction.

« Avez-vous des chambres à nous donner ? demanda Robert.

— Des chambres ?… répéta l’hôtelier, comme s’il eut rêvé. Mais d’où diable sortez-vous ? s’écria-t-il avec explosion avant de répondre. Comment êtes-vous venus ici ?

— Comme on y vient d’ordinaire, je pense. En bateau, dit Robert impatiemment.

— En bateau ! répéta le Portugais qui semblait au comble de l’étonnement.

— Oui, en bateau, affirma Robert agacé. Qu’y a-t-il là de si extraordinaire ?

— En bateau ! s’écria derechef hôtelier. On n’a cependant pas levé la quarantaine.

— Quelle quarantaine ?

— Eh ! Par le Christ ! Celle de l’île, où pas un navire n’a abordé depuis un mois.

C’était au tour de Robert d’être étonné.

— Que se passe-t-il donc ici ? Quelle est la cause de cette quarantaine ? demanda-t-il.