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OÙ THOMPSON SE TRANSFORME EN AMIRAL.

gers, après un grossier repas, ils usèrent le temps de leur mieux. Les uns se promenèrent sur la grève, les autres tentèrent d’y sommeiller étendus. Pas un qui consentit à accepter l’hospitalité par trop rudimentaire que pouvaient offrir les masures du village.

Le moment du départ trouva tout le monde sur pied. À l’heure dite, chacun avait pris sa place, et les six barques, larguant leurs voiles, doublaient rapidement la Pointe des Tortues. Comme on le voit, Thompson montait en grade. Le commodore se transformait en amiral.

Une heure après le départ, on laissait à bâbord la pointe sud de l’Île du Sel, et, aux rayons du soleil levant, Boavista apparaissait dans le lointain.

Par une chance rare à cette époque de l’année, le ciel se maintenait obstinément pur. Un vent assez vif soufflait du Nord-Ouest, poussant grand largue les six embarcations qui gagnaient vers le Sud d’une pareille allure.

À huit heures du matin, on passa au large de Boavista. C’était une terre basse, d’un aspect aussi aride que l’Île du Sel, un simple banc de sable, que percent en son milieu quelques pics de basalte couronnant un soulèvement longitudinal qui n’atteint pas cent mètres de hauteur.

Par le travers des barques s’ouvrait la Rade Anglaise, au fond de laquelle s’élèvent les cabanes et les rares maisons de Rabil, village érigé au rang de chef-lieu. Peut-être des navires étaient-ils à l’ancre dans la rade, mais la distance ne permit pas de s’en assurer.

Quelques heures plus tard, le sommet du São-Antonio, pic culminant de l’île de São-Thiago, commença à denteler l’horizon. Ce point élevé de deux mille deux cent cinquante mètres fut salué des hourras des naufragés auxquels il indiquait le but encore éloigné du voyage.

Bien que plus prochaine, l’ile de Miao, beaucoup plus basse que São-Thiago, ne se montra qu’après celle-ci. Il était deux