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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

part, ne manquent pas dans la baie Mordeira. Mais, à cette époque de l’année, le dernier d’entre eux était parti avec son chargement de sel, et très probablement il n’en viendrait pas un seul avant le mois d’octobre suivant.

Ce point résolu d’une manière aussi formelle, on ne pouvait plus hésiter. Les marins, d’ailleurs, parurent trouver tout naturel le projet de gagner une autre île. Leurs barques étaient solides et auraient fait au besoin de plus longues croisières. En ce qui concernait São-Vicente, ils furent unanimement de l’avis du capitaine. Il n’y fallait pas compter avec cette aire de vent.

— Et São-Thiago ? insinua Robert.

En entendant ce nom, les marins caboverdiens échangèrent un coup d’œil. Avant de répondre, ils prirent le temps de la réflexion. Une pensée les tracassait évidemment qu’ils n’exprimaient pas.

— Pourquoi pas ? dit enfin l’un d’eux. Ça dépend du prix.

— Ceci regarde monsieur, formula Robert en désignant Thompson.

— Parfaitement, déclara celui-ci, quand la réponse du mulâtre lui eut été traduite. Si le capitaine et vous voulez bien m’accompagner, ce marin nous montrera les barques qu’il peut nous proposer et nous discuterons en même temps les conditions du voyage. »

Moins d’une heure plus tard, tout était convenu. Pour le transport des naufragés et de leurs bagages, le capitaine avait choisi six barques sur lesquelles il estimait qu’on pouvait se risquer sans imprudence. D’un commun accord, on avait fixé le départ à trois heures du matin, afin de voyager autant que possible pendant le jour. Il ne s’agissait, en effet, de rien moins que de franchir cent dix milles, et il fallait prévoir dix-sept heures de traversée au minimum.

Personne d’ailleurs ne protesta. On avait hâte de quitter cette île désolée.

Les bagages furent arrimés séance tenante. Quant aux passa-