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IX

où thompson se transforme en amiral.

La nuit se passa assez bien pour les anciens passagers du Seamew. À défaut des couchettes disparues, le sable élastique se montra très favorable au sommeil.

Par exemple, le premier rayon de l’aube réveilla les plus indolents. En un instant, tous se levèrent, pressés de connaître ce qu’ils devaient craindre ou espérer.

La vérité leur apparut d’un coup d’œil : c’était de tous côtés la solitude absolue.

Devant eux, la mer, sans une voile. Au-dessus de l’eau, apparaissait le sommet des mâts du Seamew, dont le cadavre était scellé vingt mètres plus bas dans son humide tombeau.

De l’autre côté, un désert dont la tristesse étreignait le cœur. À l’endroit où ils avaient atterri, l’île s’amincissait en pointe étroite. Reliée au Nord à une terre désolée, entourée par la mer des trois autres côtés, ce n’était qu’une langue de sable, large d’un mille à peine, frappée de la sinistre infertilité du sel et parsemée de ses lépreuses écailles.

Quel secours espérer dans un pareil pays ? On se le demandait avec angoisse, sans trouver à la question de réponse satisfaisante.

Heureusement le capitaine Pip veillait pour tous.

Dés qu’il vit debout tous ses passagers, il les rassembla autour de lui, et, prenant la parole, exposa brièvement la situation.

Elle était simple.

Par suite de circonstances sur lesquelles il convenait au