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IV

premier contact.

Au lever du jour, toute terre avait disparu. Dans le ciel déblayé de nuages, le soleil s’épandait librement sur le cercle immense de la mer. Le temps était superbe, et, comme s’il eût partagé l’ivresse générale de la nature, le navire s’élançait allègrement, brisant, dans une lutte amicale, les courtes et rudes lames que poussait contre lui une fraîche brise de Nord-Ouest.

Quand le timonier piqua le quart de six heures, le capitaine Pip descendit de la passerelle, où il était resté toute la nuit, et remit le service au second.

« Cap à l’Ouest, monsieur Fliship, dit-il.

— Bien, capitaine, répondit le second, qui, montant à son tour sur la passerelle, commanda :

— Les bâbordais à laver le pont ! »

Cependant le capitaine, au lieu de rentrer directement dans sa chambre, avait entrepris le tour du navire en promenant partout son regard sûr et tranquille.

Il alla jusqu’au gaillard d’avant, et là, penché au-dessus de l’étrave, regarda le navire s’élever à la lame. Il revint vers l’arrière, et longuement examina le sillage. De l’arrière, il gagna les capots des machines, et, d’un air soucieux, écouta le grondement ferrailleur des bielles et des pistons en mouvement.

Il allait s’éloigner, quand une casquette galonnée s’éleva hors de l’orifice béant. Le premier mécanicien, M. Bishop, venait sur le pont humer les fraîches brises matinales.

Les deux officiers se serrèrent la main. Puis ils demeurèrent