Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/289

Cette page a été validée par deux contributeurs.
269
LE SECOND SECRET DE ROBERT MORGAND.

— Vous travailliez sans doute ? insista Roger.

— Avouez que j’en ai besoin ! repartit en souriant Robert.

— Mais où diable alors vous êtes-vous installé pour compulser vos coquins de guides ? J’ai été frapper à votre porte sans obtenir de réponse.

— C’est que vous êtes venu juste au moment où je prenais un peu de récréation en plein air.

— Et pas avec nous ! dit Roger d’un ton de reproche.

Robert garda le silence.

— Je ne suis pas le seul, reprit Roger, à m’être étonné de votre disparition. Ces dames en ont manifesté plusieurs fois leur regret. C’est un peu à la requête de Mrs. Lindsay que je suis allé vous relancer jusque dans votre fort.

— Serait-il vrai ! s’écria malgré lui Robert.

— Voyons, entre nous, insista amicalement Roger, votre réclusion n’a-t-elle pas d’autre cause que votre amour du travail ?

— En aucune façon.

— Dans ce cas, affirma Roger, il y a abus et vous avez eu tort. Votre absence a réellement gâté notre journée. Nous étions moroses, et Mrs. Lindsay tout particulièrement.

— Quelle idée ! s’écria Robert.

L’observation faite par Roger sans aucune intention particulière sur le mécontentement de Mrs. Lindsay n’avait rien de bien extraordinaire. Aussi fut-il grandement étonné de l’effet produit par des mots aussi simples. Après avoir poussé son exclamation d’une voix bizarre, Robert s’était aussitôt détourné. Il paraissait gêné, son visage exprimant en même temps de l’embarras et de la joie.

— Ah bah ! se dit Roger subitement intéressé.

— Après tout, reprit-il après un silence, je m’avance peut-être beaucoup en attribuant à votre absence la tristesse de Mrs. Lindsay. Figurez-vous que nous avons dû subir toute l’après-midi ce vilain oiseau de Jack Lindsay, en général moins prodigue de ses désagréables amabilités. Par extraordinaire, le personnage