Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
UNE ADJUDICATION VRAIMENT PUBLIQUE.

monsieur. Mais, dites-moi, avant d’entrer chez ce pauvre Baker, que faisiez-vous ?

— J’étais professeur, répondit Robert. J’enseignais ma langue maternelle.

— Qui est ?… interrogea Thompson.

— Le français.

— Bon ! approuva Thompson. Et savez-vous d’autres langues ?

— Dame ! repartit Robert en riant, je ne les sais pas toutes, comme votre fameux interprète. En dehors du français, je connais l’anglais, comme vous pouvez le voir, l’espagnol et le portugais. Voilà tout.

— C’est parbleu bien joli ! s’écria Thompson, qui, lui, ne savait que l’anglais, et encore pas très bien.

— Si cela vous suffit, tout est pour le mieux, dit Robert.

Thompson reprit :

— Parlons un peu maintenant des appointements. Y a-t-il indiscrétion à vous demander ce que vous gagniez chez Baker ?

— Nullement, répondit Robert. Un forfait de 300 francs m’était assuré, net de tous frais.

Thompson parut soudain distrait.

— Oui, oui, murmura-t-il, 300 francs, ce n’est pas trop.

Il se leva.

— Non, ce n’est pas trop, en effet, dit-il avec énergie.

Il se rassit, et s’abîma dans la contemplation d’une de ses bagues.

— Cependant, pour nous qui avons abaissé le prix aux dernières limites du bon marché, — aux dernières limites, vous entendez bien ! — ce serait peut-être un peu élevé.

— Il me faudrait donc subir une diminution ? demanda Robert.

— Oui… peut-être !… souffla Thompson. Une diminution… une petite diminution…

— Enfin, de quelle importance ? insista Robert agacé.

Thompson se leva, et, se promenant à travers la pièce :