Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/268

Cette page a été validée par deux contributeurs.
248
L’AGENCE THOMPSON AND Co.

sur l’épaule de Roger. Leurs quatre compagnons attendaient, gravement que le bavard Thompson leur permit de placer un mot qui devait être sérieux, à en juger par l’expression de leurs visages.

D’un regard, Thompson parcourut le groupe des excursionnistes, et s’aperçut des vides que le sort y avait faits.

— Vous serait-il arrivé quelque chose ? demanda-t-il, la voix tout à coup tremblante.

Comme provoqué par un mystérieux avertissement, un grand silence se fit parmi les passagers, qui se resserrèrent fébrilement autour de Thompson.

— Mrs. Lindsay ?… insista celui-ci. Mr. Morgand ?…

Saunders, d’un geste désolé, commenta un sourd sanglot de Dolly. Puis enfin Jack Lindsay, se portant un peu en avant de ses compagnons, allait prendre la parole, quand soudain, il recula pâlissant, le bras étendu.

L’intérêt de cette scène avait monopolisé l’attention générale. Personne n’avait songé à s’occuper de ce qui se passait de l’autre côté du bâtiment. Au mouvement de Jack, tous les regards se dirigèrent vers le point qu’il désignait.

Alors, à la clarté des fanaux, un groupe tragique apparut. Le front ensanglanté, les vêtements ruisselants et souillés de vase, Robert Morgand était là, soutenant Alice Lindsay défaillante, mais redressant néanmoins énergiquement son visage d’une pâleur cadavérique.

Ce fut elle qui répondit à la question de Thompson.

— Nous voici, dit-elle simplement, en fixant ses yeux brûlants de fièvre sur son beau-frère, qui recula, plus pâle qu’elle encore.

— Nous voici, » répéta Robert, d’une voix où grondait une accusation, une menace, — un défi.


fin de la première partie.