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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

Thompson s’attendrissait. Encore un peu, il allait pleurer.

— Heureusement, on ne l’accuse pas d’avoir sciemment négligé quelque chose pour votre plaisir. Cette accusation m’aurait révolté. Révolté, j’ose le dire !… Tandis que trompé !… Trompé, c’est autre chose. Je peux m’être trompé. J’admets m’être trompé. Tout le monde peut se tromper. Je m’en excuse, messieurs, je m’en excuse. Erreur n’est pas compte, eh ! messieurs ?

— Il n’y a donc qu’à la réparer, dit le passager d’un ton froid, après avoir laissé passer ce verbiage inutile.

— Comment, monsieur ? demanda Thompson avec amabilité.

— En improvisant dès demain une excursion, au lieu de nous morfondre deux jours de plus à Funchal.

— Impossible ! se récria Thompson. L’Agence n’a rien préparé, rien prévu. Le temps nous manque. Une excursion demande à être mûrement étudiée, organisée à l’avance. Elle exige de grands préparatifs…

Un éclat de rire général coupa la parole à Thompson. Ah bien ! ils étaient jolis, les préparatifs que l’Agence avait faits pour les précédentes excursions ! Mais Thompson ne se laissa pas démonter.

— Impossible ! répéta-t-il avec une nouvelle énergie.

Quelque chose dans sa voix montrait que sur ce point il serait inébranlable. L’orateur intimidé n’insista pas.

— Alors, allons-nous-en ! s’écria une voix gouailleuse parmi les passagers.

Thompson, sautant sur cette proposition, l’adopta séance tenante.

— Partir, messieurs ? Mais je ne demande pas mieux. L’Agence est tout à votre service, il est inutile de vous le répéter. Voyons, nous allons mettre le départ aux voix.

— Oui, oui, partons ! cria l’unanimité des passagers.

— Il sera fait selon votre désir, déclara Thompson. En cette circonstance comme toujours, j’ose le dire ! »

Renonçant à aller à terre, il donna de nouvelles instructions