Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
L’AGENCE THOMPSON AND Co.

— Ah ! c’était pour cela !… On s’explique, sapristi !… Quel diable d’homme !… Voyons, voyons, avez donc l’obligeance de me suivre.

— À quoi bon ? objecta Robert.

Thompson insista.

— Mais si, mais si, venez !

Robert se laissa conduire au premier étage, dans un bureau dont l’ameublement très modeste contrastait singulièrement avec le luxe un peu criard du rez-de-chaussée. Une table d’acajou veuve de son vernis et six chaises de paille, il n’avait pas autre chose.

Thompson s’assit en invitant Robert à en faire autant.

— Maintenant que nous sommes seuls, dit-il, je vous avouerai carrément que nous n’avons pas d’interprète.

— Cependant, objecta Robert, il n’y a pas cinq minutes…

— Oh ! répliqua Thompson, il y a cinq minutes, je vous prenais pour un client !

Et il se mit à rire de si bon cœur que Robert, quoi qu’il en eût, dut partager son hilarité.

Thompson continua :

— La place est donc libre. Mais, tout d’abord, avez-vous des références ?

— Je pense que vous n’en aurez pas besoin, répondit Robert, quand vous saurez que je faisais encore partie, il n’y a pas une heure, de l’Agence Baker and Co.

— Vous venez de chez Baker ! s’exclama Thompson.

Robert dut lui conter point par point comment les choses s’étaient passées.

Thompson exultait. Souffler à la compagnie rivale jusqu’à son interprète, c’était le comble ! Et il riait, se frappait la cuisse, se levait, se rasseyait, ne tenait plus en place. Et des exclamations : « Parfait ! Superbe ! Diablement drôle ! »

Quand il fut un peu calmé :

— Du moment qu’il en est ainsi, l’affaire est faite, mon cher