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LE CURRAL DAS FREIAS.

moins y trouvèrent un abri. Une troisième place restait disponible. Les hommes l’occupèrent tour à tour. Toutes les cinq minutes ils se remplaçaient, et la douche obligatoire qu’ils recevaient pour entrer dans l’excavation et pour en sortir était loin de leur déplaire.

Quant aux guides, il leur fallait se passer de ces répits. Au reste, souffraient-ils ? Accotés à des rochers, la tête emmitouflée dans leurs vastes capuchons, ils attendaient, immobiles et patients.

Ils eurent là l’occasion d’exercer largement cette patience. À quatre heures le vent soufflait toujours aussi brûlant.

Mais, tout à coup, un oiseau chanta. D’autres aussitôt lui répondirent. Puis, l’une après l’autre, les feuilles des arbres se déplièrent, et les guides se mirent debout en rejetant leurs capuchons.

Vingt secondes plus tard, le leste cessait brusquement, et, sans transition, une brise délicieusement fraîche lui succédait.

« L’impbate », dit un des guides, tandis que les touristes poussaient en chœur un hurrah d’enthousiasme.

Avant de se remettre en route, il convenait de procéder au déjeuner si malencontreusement retardé. On fit donc honneur aux provisions, en se désaltérant à la bienfaisante cascade qu’on eut le soin de supprimer.

Malheureusement, ce retard de plus de cinq heures compliquait singulièrement l’excursion. Sans aucun doute, on n’arriverait pas avant la nuit à Saint-Vincent.

Était-ce cette certitude qui assombrissait les guides, quand vers sept heures on déboucha sur le Paul da Serra, vaste plateau situé à quinze cents mètres d’altitude ? En proie à une évidente angoisse, taciturnes, la figure sombre, ils se hâtaient autant que leurs forces le leur permettaient.

Leur angoisse devint même si visible, et en somme si disproportionnée avec sa cause probable, que Mrs. Lindsay inquiète s’en ouvrit à Robert, à un moment où leurs hamacs se rappro-