Robert n’eut pas le loisir de répondre. L’autre continuait :
— Sans doute, il s’agit de notre excursion aux trois archipels ?
— En effet, dit Robert, mais…
De nouveau, il fut interrompu.
— Superbe voyage ! Voyage admirable, monsieur ! s’exclama son interlocuteur. Et que nous avons ramené, j’ose le dire, aux extrêmes limites du bon marché ! Tenez, monsieur, regardez cette carte, — il en montrait une appendue à la muraille, — et voyez le parcours à accomplir. Eh bien ! Nous offrons tout cela pour combien ? Pour 200 livres ? Pour 150 ? Pour 100 ? Non, monsieur, pour la ridicule somme de 40 livres, tous frais compris. Nourriture de premier choix, monsieur ; steamer et chambres confortables ; voitures et porteurs pour excursions ; séjours à terre dans des hôtels de premier ordre !
Il récitait son prospectus.
Robert essaya vainement d’arrêter ce flux de paroles. Arrêtez donc un express lancé à toute vapeur !
— Oui… oui… Vous connaissez ces détails par les affiches ? Alors, vous savez aussi quelle lutte nous avons soutenue. Lutte glorieuse, monsieur, j’ose le dire !
Cette éloquence eût pu couler ainsi pendant des heures.
Robert, impatienté, y mit bon ordre.
— M. Thompson, s’il vous plaît ? demanda-t-il d’un ton sec.
— Il est devant vous, et bien à votre service, répondit son prolixe interlocuteur.
— Voudriez-vous me dire, en ce cas, reprit Robert, s’il est bien exact que vous ayez, comme on me l’a affirmé, un interprète pour ce voyage ?
— Comment donc ! s’écria Thompson. En doutez-vous ? Un tel voyage serait-il possible sans interprète ? Certes, nous en avons un, un admirable, auquel toutes les langues sans exception sont également familières.
— Alors, dit Robert, il ne me reste plus qu’à vous prier d’agréer mes excuses.