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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

douche à la place même où il avait reçu la première. Heureuse nature que celle de l’épicier honoraire !

Si Tigg tut calme, et Blockhead joyeux, Hamilton fut courroucé. À peine relevé, il se dirigea vers Thompson, sain et sauf, lui, au milieu du rire général que cette intempestive baignade avait déchaîné aux deux étages de la plage. Sans un mot, il montra ses vêtements trempés à celui qu’il estimait l’auteur responsable de ses maux.

Thompson comprit qu’il se devait en cette circonstance, et se mit à la disposition de son infortuné passager. Une barque lui fut offerte qui le ramènerait à bord, où il pourrait changer de vêtements. Mais Hamilton refusa net.

« Moi, monsieur, m’embarquer de nouveau dans un de ces infâmes canots !

La fureur d’Hamilton s’augmentait de la présence de Saunders. L’œil narquois, celui-ci assistait à ce débarquement mouvementé. « Aussi, pourquoi m’avoir lâché hier ? Je suis sec, moi, » semblait-il dire ironiquement au baronnet.

— En ce cas, monsieur, répliqua Thompson, à moins qu’un de vos compagnons…

— Parfaitement ! Parfaitement ! interrompit Blockhead. Je rapporterai à sir George Hamilton tout ce qu’il voudra. Je ne serais même pas fâché… »

De quoi le brave épicier honoraire n’aurait-il pas été fâché ? De prendre un second bain probablement !

Il n’eut pas cette joie. Son second voyage s’effectua sans incident, et les vêtements du baronnet arrivèrent secs à destination.

La plupart des passagers s’étaient déjà dispersés. Quant à Robert, Roger l’avait tout de suite accaparé.

« Êtes-vous libre ? lui avait-il demandé.

— Tout à fait, avait répondu Robert. M. Thompson vient de me donner cette bonne nouvelle.

— En ce cas, voudriez-vous me piloter quelque peu ?