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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

gènes rallièrent le bord, et firent leurs offres de service pour le débarquement.

Offres inutiles pour ce jour-là. Il était plus de cinq heures, et vraiment trop tard pour entreprendre la visite de Funchal.

Deux voyageurs seulement crurent devoir quitter le navire. Dans ces deux impatients, on reconnaîtra le jeune ménage, qui promenait sous tous les ciels un amour toujours pareil. Tenant chacun un petit sac, l’un près de l’autre, ils se dirigèrent, femme et mari, vers un canot auquel ils avaient fait un signe discret. La mine hypocritement embarrassée, avec une gaieté sournoise éclatant malgré tout au fond de leurs yeux baissés, ils passèrent, rapides et modestes, au milieu de leurs compagnons, dont les regards sympathiques les suivirent longtemps.

Ceux-ci demeurèrent à bord. Le programme comportant une escale de six jours pleins à Funchal, le temps manquait d’autant moins que ce programme n’annonçait aucune excursion.

« 26, 27, 28, 29, 30 et 31 mai, séjour à Funchal », voilà ce qu’il disait laconiquement. Était-ce un oubli de Thompson ? Ou bien, avait-il supposé que l’île de Madère ne renfermait aucun site qui méritât le dérangement ? Le programme ne s’expliquait pas sur ce point.

Hamilton se chargea d’obtenir un supplément d’informations. Depuis leur dernière escarmouche, Thompson et lui ne se parlaient plus. Vis-à-vis de ses deux passagers grincheux, Hamilton et Saunders, Thompson avait désormais rejeté toute contrainte. Toujours empressé, affairé, débordant d’amabilité quand il avait affaire à quelqu’un de leurs compagnons, il restait avec ces deux-là poli, net et froid. Le baronnet se fit violence, et aborda l’odieux Thompson.

« Comment se fait-il, monsieur, demanda-t-il d’un ton hautain, que vous n’annonciez aucune excursion pendant les six jours de notre relâche à Madère ?

— Voyez le programme, monsieur, répondit sèchement Thompson.