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XIII

la solution d’un anagramme.

À neuf cents kilomètres du point de l’Europe le plus rapproché, à sept cents du Maroc, à quatre cents de l’archipel des Canaries, séparée par quatre cent soixante milles marins de Sainte-Marie des Açores, Madère s’étend sur une longueur d’environ soixante-dix kilomètres, presque à l’intersection du trente-troisième degré de latitude nord et du dix-neuvième degré de longitude ouest.

Impossible d’imaginer plus grandiose oasis dans le sahara de la mer.

De la chaîne montagneuse qui, haussant son extrême crête jusqu’à mille neuf cents mètres, court près du rivage nord de l’île, dont elle forme comme la gigantesque épine dorsale, des chaînons latéraux se détachent, affluents de ce fleuve de sommets. Vers le Nord, d’un côté, vers le Midi, de l’autre, séparés par de profondes vallées emplies d’un paradoxal ruissellement de végétation, ils vont mourir à la mer qu’ils dentellent de leurs aigres promontoires.

Raides, définitifs, volontaires, sont les rivages de cette reine de l’Atlantique septentrional. Ainsi un gigantesque emporte-pièce eût découpé le bloc en plein sol. D’une seule poussée, l’effort plutonien l’a, dans un passé reculé, lancée hors des eaux, qui tout autour d’elle se creusent à quatre kilomètres de profondeur.

Et pourtant, malgré ses roches farouches, que brodent des tufs aux coloris les plus imprévus, malgré les violentes dénivel-