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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

sou de la prime promise, cette aventure lui serait encore profitable, en le servant dans l’esprit de ses chefs, puisqu’il pourrait, dans ce cas, s’attribuer tout le mérite de la capture.

— J’accepte, dit-il d’un ton résolu.

— Fort bien, approuva Thompson. Nous allons, dans ce cas, s’il vous plaît, régler cette affaire sur-le-champ. »

Le compromis, dont les bases venaient d’être jetées, fut rédigé et signé par les deux parties, Thompson remit aussitôt à l’officier les pierreries retrouvées et s’en fit délivrer reçu. Il put alors respirer, et se féliciter d’avoir mené à bonne fin cette importante affaire.

Pendant que Thompson conduisait aussi bien cette négociation, une colère redoutable s’amoncelait au même instant dans le cœur d’Hamilton.

Revenu de la stupéfaction où l’avait plongé l’impertinence de Thompson, le baronnet, tout bouillant de fureur, s’était élancé à la poursuite de l’insolent. Il ne put le retrouver. Il se retourna alors vers le capitaine Pip, qui, descendu de la passerelle, se promenait innocemment en fumant le cigare matinal.

« Captain, prononça-t-il d’une voix contenue, pourrais-je savoir à qui je dois sur ce bord présenter mes réclamations ?

Le capitaine ouvrit les bras en signe d’ignorance.

— À Artimon, peut-être ! formula-t-il d’un air rêveur.

Captain ! s’écria le baronnet rouge de colère.

Sir ? répliqua le capitaine paisiblement.

Captain, je trouve qu’on s’est suffisamment moqué de moi ici. Puisque vous êtes responsable de la marche du navire, daignerez-vous me dire pourquoi je puis encore apercevoir à l’arrière les roches des « Fourmis » ? Pourquoi, à dix heures du matin, nous sommes à peine par le travers de Sainte-Marie ? Pourquoi, après huit heures de navigation, l’île de Saint-Michel est encore en vue ?

— Saint-Michel ? répéta le capitaine avec incrédulité.

— Oui, monsieur, Saint-Michel, affirma sévèrement le baron-