Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XI

une noce à saint-michel.

Le réveil, au matin du 25 mai, fut morose à bord du Seamew. Depuis la veille, on aurait dû être parti, depuis l’avant-veille même, si un premier jour de retard n’avait été perdu avant d’atterrir à Fayal.

Personne n’avait songé à cette conséquence, pourtant logique, des événements de Tercère. Quand le Seamew avait quitté la rade d’Angra, aucun autre steamer n’y était mouillé. Pouvait-on prévoir que le Camoens y arriverait en temps utile pour rattraper les fugitifs à Saint-Michel ?

Parmi les passagers, peu acceptaient avec une âme tranquille ce nouvel incident du voyage. La plupart ne se gênaient pas pour manifester leur mauvaise humeur, et, non sans quelque injustice, attribuaient à Thompson la responsabilité de cette déconvenue, dont il était, à tout prendre, la première victime. Quel besoin de braver ouvertement les autorités de Tercère ? S’il avait agi avec plus de circonspection, l’affaire eût pris sans doute une autre tournure.

Bien plus ! quand on remontait aux origines, c’est alors que la faute de l’Agence apparaissait évidente. Si, contrairement à ses engagements, on n’était pas arrivé à Fayal le 18 au lieu du 17, on eût quitté Tercère dès le soir du 20 mai. Les passagers du Seamew n’eussent ainsi été mêlés en aucune façon à cette absurde histoire de voleurs dont on ne pouvait prévoir la solution.