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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

— À Madère, oui, monsieur, répondit Robert, sans savoir où l’original voulait en venir.

— Et, à Madère, y a-t-il aussi des tremblements de terre ?

— Je ne le pense pas, dit Robert.

— Bon, fit Johnson. Nous disons donc qu’il n’y a absolument rien à craindre dans cette île délicieuse.

— Mon Dieu, répondit Robert, non… je ne vois pas… non… sauf peut-être les inondations…

— Des inondations ! interrompit Johnson. Vous avez dit : inondations ?

— Il y en a donc ?

— Quelquefois.

— Fort bien, conclut froidement Johnson. Alors, monsieur, notez cela dans vos papiers, ajouta-t-il en scandant ses mots : Je ne mettrai pas les pieds dans votre damnée île de Madère ! »

Et l’incorrigible poltron, tournant les talons, réintégra le coffee-room, où sa voix résonna bientôt, demandant quelque boisson apéritive et réconfortante.

Pendant que Johnson triomphait ainsi, une bien désagréable surprise accablait Thompson au contraire.

Il était à peine à bord, qu’une grande embarcation accostait le Seamew. En un instant, le pont fut envahi par une vingtaine d’agents de police conduits par un haut officier.

« Monsieur, prononça sèchement l’officier dans un anglais passable, l’aviso à vapeur le Camoens vient d’arriver dans notre port. Il nous apporte le récit des faits inqualifiables dont la rade d’Angra a été le théâtre. Je n’entends pas traiter cette affaire qui regarde notre diplomatie. Mais un point me concerne, et c’est la découverte du voleur. Votre conduite nous autorisant à penser que vous lui donnez asile, vous voudrez bien vous considérer comme consigné dans le port de Ponta-Delgada. Défense absolue à vos passagers et à vous-même de quitter le bord et de communiquer avec la terre, avant la perquisition qui sera faite dans votre navire.