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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

bien inférieures à celles du Val das Furnas, ce grand village sale et mal bâti ne possède rien d’intéressant.

Pendant une demi-heure, le chemin se développa dans un pays assez plat parsemé de nombreux cônes volcaniques. Mais bientôt le sol se releva. On entrait de nouveau dans la région des montagnes. La campagne conservait son caractère de richesse et de fécondité. Tout disait le patient travail humain. Pas une crête qui n’eût été boisée, pas un coin de terre cultivable qui ne fût cultivé.

Dans ce district de l’Ouest, la population paraissait plus dense. À chaque instant on croisait des couples de paysans. Majestueusement, l’homme marchait le premier, son épouse, à dix mètres derrière lui, trottinant avec humilité. Timides, effacées, dissimulées dans leur vaste manteau au capuchon moins grand, mais plus fermé que celui de Fayal, elles passaient, ces femmes, comme des fantômes, sans que l’on pût distinguer leur visage. À mesure qu’on s’éloignait des centres populeux, les capuchons se fermaient davantage. Et même, comme vers dix heures ils traversaient un village, les touristes virent avec étonnement, les femmes, à leur approche, se retourner modestement contre les murailles.

« Faut-il qu’elles soient laides ! » observa Dolly, trouvant de ces exagérations de pudeur une raison bien féminine.

À la sortie de ce village, la route se fit sentier, tandis que la pente s’accentuait notablement. Quatre cents mètres au-dessus d’eux, les touristes distinguèrent alors la crête de la montagne, dont le flanc leur cachait l’horizon. Grimpant péniblement les lacets du raidillon, ils arrivèrent à mi-côte, mais alors tous implorèrent un moment de repos. Depuis le matin, vingt kilomètres avaient été franchis dans des conditions très fatigantes. Porteurs et portés étaient à bout de forces.

Un quart d’heure plus tard, la colonne allait se remettre en route, quand un bruit confus s’éleva vers le sommet de la montagne. En même temps, un nuage de poussière se formait et se dépla-